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Situation n° 1 :
« On prend un rat qu’on met dans une cage à deux compartiments, c'est-à-dire dont l’espace est séparé par une cloison, dans laquelle se trouve une porte, ouverte.
Le plancher de la cage est électrifié par intermittence d’un côté ou de l’autre de la cloison. Avant que le courant électrique passe dans le grillage du plancher, un signal prévient l’animal qui se trouve dans la cage que quatre secondes après le courant va passer.
Il ne le sait pas au départ.
Il s’en aperçoit vite.
Au début il est inquiet, mais très rapidement il s’aperçoit qu’il y a une porte ouverte et il passe dans la pièce d’à côté.
La même chose va se reproduire quelques secondes après dans le compartiment où il vient de se réfugier, mais il apprendra aussi très vite qu’il peut éviter la punition du petit choc électrique dans les pattes en passant dans le compartiment de la cage dans lequel il était au début.
Et ainsi de suite …
Cet animal qui subit cette expérience pendant une dizaine de minutes par jour pendant sept jours consécutifs va être en parfait état, en parfaite santé au bout de ces sept jours.
Son poil est lisse, il ne fait pas d’hypertension artérielle.
Il a évité par la fuite la douleur « punition ».
Il a maintenu son équilibre biologique ».
Situation n° 2 :
« Dans cette seconde situation, la porte de communication entre les deux compartiments est fermée.
Le rat ne peut pas fuir.
Il va donc être soumis à la punition à laquelle il ne peut pas échapper.
Cette punition va provoquer chez lui un comportement d’inhibition.
Il apprend que toute action est inefficace.
Qu’il ne peut ni fuir, ni lutter.
Il s’inhibe.
Et cette inhibition qui s’accompagne d’ailleurs chez l’homme de ce qu’on appelle l’angoisse, s’accompagne aussi dans son organisme de perturbations biologiques extrêmement profondes. Si bien que si un microbe passe dans les environs, ou s’il en porte sur lui-même, alors que normalement il aurait pu le faire disparaître, là ne pouvant pas, il fera une infection ».
Situation n° 3 :
« Dans cette troisième situation, le rat ne peut toujours pas fuir, il va donc recevoir toutes les punitions, mais il sera en face d’un autre rat qui lui servira d’adversaire.
Dans ce cas, il va lutter.
Cette lutte est absolument inefficace.
Elle ne lui permet pas d’éviter la punition.
Mais il agit.
Un système nerveux, ça ne sert qu’à agir.
Ce rat ne fera aucun accident pathologique de ceux que nous avions rencontrés dans le cas précédent. Il va être en très bon état, et pourtant il aura subi toutes les punitions ».
Source : Henri Laborit dans Mon oncle d’Amérique, film d’Alain Resnais, 1980