Un processus d'alerte extrêmement rapide

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C'est la vitesse de l’influx nerveux, c’est à dire qu’entre un stimulus extérieur et l’alerte corporelle il peut s’écouler un temps mesurable en millisecondes.

A cette vitesse, nous n’avons pas encore pu penser, mettre des mots.

Cela signifie que le corps peut déclencher une alerte au vu de quelque chose que la conscience n’a pas encore saisi.

Traverser une épreuve, faire face à un danger se fera de façon plus harmonieuse en tenant compte du tempo du corps et en le distinguant de celui de la pensée. Le « S1 » du S.O.S. invite à prendre en compte l’alerte corporelle avant que de se laisser entraîner par le tumulte de la pensée. Un tumulte qui va surgir dès que la conscience se sera saisie du stimulus. Le tempo du corps est avant les mots, avant la logique.

La vitesse à laquelle se produit l'alerte de la peur est stupéfiante.

En provenance des organes des sens qui reçoivent les informations du monde extérieur à nous, l'information pénètre dans le cerveau reptilien par le thalamus qui transmet les informations aux cortex sensoriels qui donnent du sens à l'information et l'évaluent.

Le cas échéant, l'information évaluée comme dangereuse ou menaçante est transmise à l'amygdale cérébrale qui déclenche les réactions corporelles telles que l'accélération cardiaque, la crispation des muscles, etc. Cette évaluation est faite en fonction d'informations mémorisées notamment au niveau de l’hippocampe qui a de nombreuses jonctions avec l'amygdale cérébrale.

Mais une jonction directe existe entre le thalamus et l'amygdale cérébrale (en pointillé sur le schéma ci-contre).

C'est à dire que certaines informations sensorielles déclenchent une réaction corporelle sans qu'une évaluation soit faite par le cortex ! 

Lorsque nous sursautons, la réaction du corps a devancé la prise de conscience et l'évaluation de ce qui nous a fait sursauter !

Ceci conduit à une conclusion confirmée par les neurosciences : l'émotion devance la pensée !

La vitesse de traitement émotionnel est supérieure à la vitesse de traitement cognitif.

Nous sommes émus avant de penser !

Il s'agit d'une inversion radicale de la conception traditionnelle de la psychologie qui voit la pensée et l'activité cognitive comme source de l'émotion.

Depuis Mac Lean (1913 - 2007) et sa théorie du cerveau " triunique " (parue en 1969), 3 " étages " du cerveau correspondant à 3 étapes de l'évolution, permettent de distinguer 3 grands modes de fonctionnement :

- un mode automatique et inconscient avec le cerveau reptilien (en jaune sur le schéma)

- un mode émotionnel et mémorisé, semi-conscient avec le cerveau limbique (en bleu sur le schéma)

-  un mode cognitif et conscient avec le cortex cérébral (en rouge sur le schéma).

Les jonctions et les passerelles entre ces " trois cerveaux " sont extrêmement nombreuses et les découvertes actuelles en neurosciences ne cessent d'en révéler la richesse et la complexité.

L'objet de cet article est d'apporter un éclairage sur la vitesse de traitement de l'information.

Il apparaît ainsi que plus un stimulus extérieur (ressemblant à la cause d'une perturbation sensorielle mémorisée au niveau reptilien) sera important, plus la réaction d'adaptation sera rapide, automatique, échappant à notre conscience et notre volonté.

 

Le « S1 » du S.O.S. invite à s'approcher de l'automatisme par ce qui nous est accessible : la sensation, l'alerte corporelle.

Avant la conscience, avant les mots, avant les idées, avant toute évaluation morale, au cœur de notre système nerveux central, une alerte est déclenchée.

Il s'agit seulement de l'entendre.

Plus nous ferons la sourde oreille, plus l'alarme se fera insistante.

Après avoir déclenché une adaptation automatique de notre corps (souvent dans la plus totale inconscience) l'alarme doit être " étiquetée " (au niveau limbique) puis " classée " (évaluée, intégrée, comprise, etc. au niveau cortical).

 

Le « S1 » du S.O.S. invite, malgré sa fulgurante vitesse, à tenir compte de la première étape intime du processus.

Négliger cette étape, c'est se couper de notre réalité biologique.

C'est risquer de confondre la suite du processus avec la réalité.