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HAPPINEZ  n° 10  Juillet-Août 2015
HAPPINEZ n° 10 Juillet-Août 2015

 

Les sensations messagères de notre âme

 

(Extraits du texte de Lisette Thooft

à lire dans HAPPINEZ n° 10 - Juillet-Août 2015)

 

" ... Les sensations passent forcément par le corps. Et le corps ne ment jamais. En revanche, nos pensées obscurcissent très souvent nos ressentis corporels."

 

"La pensée est un peu comme du lait caillé", expliquait Wolter Keers, maître néerlandais dans la tradition hindoue de l'advaita. La sensation, au contraire, est toujours en mouvement : elle apparaît, nous traverse puis retombe. Si on la laisse circuler, si on l'accepte, si on la ressent pleinement, alors elle reste fluide et disparaît d'elle-même. Cela peut prendre un peu de temps, mais tous les ressentis physiques finissent toujours par évoluer.

En revanche, si vous y opposer une résistance, la sensation risque de se figer et de former une pensée émotionnelle, comme la fine pellicule qui se forme sur le lait bouilli.

 

Imaginons que vous ressentiez une sensation douloureuse au niveau du thorax. Vous pouvez vous y arrêter intérieurement en l'acceptant avec douceur : "Tiens, une sensation douloureuse. C'est intéressant." Vous pouvez verser quelques larmes, sans vous juger. Après quelque temps, la douleur disparaîtra d'elle-même.

 

Mais vous pouvez aussi faire obstruction et vous mettre à l'analyser :

" Qu'est-ce qui m'arrive ? Ce n'est pas normal, d'où est-ce que ça vient ? A qui la faute ? Ai-je fait quelque chose de mal ?"

Et voilà qu'émerge tôt ou tard une pensée explicative, par exemple : "C'est parce que je le sens seul(e) ! Parce que tel ou tel ne m'aime pas assez !"

 

On peut s'accrocher très longtemps à ce genre de pensée , parfois pendant des années. Elle peut même devenir une conviction qui va gouverner votre vie, alors que la sensation initiale a disparu depuis longtemps. Pire, si on laisse trop souvent les sensations se figer à l'état de pensées, on devient comme glacé. Le corps n'ose plus parler et les pensées sont la seule voie d'accès à nous-mêmes.

...

Mais que faire de la souffrance ?

Pour le sage indien, la réponse était : "Ne faites rien. Acceptez la souffrance, laissez la plaie s'ouvrir complètement. Elle guérira bientôt d'elle-même".

...

La souffrance fait partie de la vie, voilà tout.

Riekje Boswijk-Hummel confirme : "Le droit à une vie dénuée de souffrance n'existe pas".

Mais ce n'est pas non plus souhaitable.

Car une vie sans souffrance, c'est une vie de robot, pas une vie d'être humain.

Il n'y a rien d'anormal dans la souffrance.

Elle fait mal, tout simplement.