Anatomie d'une émotion (1)

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Dîner au bord de la plage sur une petite île au milieu de l’océan.

Un hôtel quasi vide en basse saison qui convient parfaitement à mon désir de calme et de silence.

Ce soir, au restaurant de l’hôtel, un groupe fête un événement.

Le bruit des vagues est couvert par le brouhaha et la musique.

 

En fin de repas le volume de la musique augmente. 

Avec mon bungalow qui se situe un peu au-dessus, je pense que la musique va y être très gênante.

Je fais part de mes craintes au directeur qui me rassure : à l’endroit où je me trouve, il n’y aura pas de gêne …

Arrivé à mon bungalow, le vacarme est assourdissant.

Je redescends au restaurant, furieux, et j’agresse le directeur : après l’avoir vigoureusement empoigné pour l’emmener à l’écart de la fête, je le menace de m’en prendre à lui et au matériel de sonorisation si le volume n’est pas immédiatement baissé.

Sentir à l'intérieur de soi

Une douleur juste en dessous du sternum.

Ça pique et ça brûle à la fois. Une boule de la taille d’une mandarine qui serait entrée là tout à coup. Je connais bien cette alerte douloureuse. Cette sensation de recevoir un coup de poing incisif et brûlant.

Quand je me fais rembarrer par un vendeur dans un magasin, elle apparaît.

Quand quelqu’un se montre arrogant à mon endroit, elle est là.

Quand je suis confronté à un abus de pouvoir (de la maréchaussée, de l’administration, de toute personne que le port d’un uniforme rend dominant …), je sens cette douleur.

Si je parviens à laisser la sensation passer comme une vague, la boule douloureuse s’installe un peu plus en profondeur.

Sensation de déchirure.

En cas de forte intensité, elle s’étend un peu vers le haut et saisit la poitrine.

Si je ne bouge pas, elle atteint vite son paroxysme.

Impressionnante.

La douleur peut faire penser à un infarctus. Mais cela passe. Cela ne dure guère plus d’une petite minute. C’est long quand même ! Quand je parviens à juste la laisser passer, la vague me laisse un peu groggy. Il me faut quelques minutes pour récupérer.


Dans cet épisode, le S1 de la méthode S.O.S. a été surtout rétrospectif.

Même si j’ai eu conscience de l’alerte corporelle au moment où elle se produisait, la pression intérieure était trop forte pour me laisser traverser simplement sans bouger.

Mais j’ai pu récupérer cette information rapidement : un peu le soir même, puis une conscience fine le lendemain.

Une conscience qui a permis à l’épisode d’être intégré rapidement et sans dommages collatéraux : le lendemain, je pouvais évoquer l’épisode dans le calme, y compris avec le directeur !