Un sens à la maladie ?

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Un choc, une épreuve survient.

Le corps est ébranlé, ce qui génère une sensation de trouble.  Le copilote, via les adaptations automatiques lui permet de revenir à lui, de restaurer sur l'instant son équilibre bousculé.

Dès que l'ébranlement a un peu d'ampleur, la conscience est mobilisée. L’information, le «dossier choc », est « pris en charge » par le cerveau cognitif qui doit intégrer, accuser réception, prendre la mesure de l’ébranlement.

Alors apparaît la souffrance.

 

Idéalement, le pilote peut intégrer l’information pour ce qu’elle est : un ébranlement.

Idéalement, il laisse l’onde de choc se propager sans intervenir.

Il intègre le facteur déclenchant et l'adaptation instantanée du corps.

L'ébranlement et l'adaptation prennent sens. Le processus émotionnel trouve sa place dans le vaste ensemble de la mémoire, de l'expérience et des représentations. 

Dans ce cas, même si la réparation corporelle et biologique consécutive au choc ou à l'épreuve prend du temps, le processus aura été juste et ne générera pas de suites notables.

Il y aura eu choc, blessure, souffrance, réparation et intégration de l'intelligence de vie contenue dans l'ensemble.

 

C'est le processus « idéal » proposé par la méthode S.O.S.

  • S1 : se laisser sentir, se laisser traverser par l'onde de choc
  • O : identifier le stimulus déclencheur, observer la réaction immédiate du copilote
  • S2 : trouver le sens de l'action et l'intégrer dans l'ensemble de notre processus vital

 

Mais, le pilote peut NE PAS suivre l'invitation.

Il peut réagir à la sensation, au stimulus déclencheur, à l'adaptation automatique du copilote.

 

Alors s’enclenche un autre processus.

 

Le pilote cognitif commente, évalue le « dossier choc » et l’ébranlement intérieur.

Avec force explications et liens avec le passé. Le trouble prend une dimension psychique. Les sensations du « dossier choc » deviennent ressentiments. Un mélange de sensations, de souvenirs de sensations, de représentations de sensations mêlées à des évaluations, des commentaires, des jugements et pimentées par l’amalgame avec tout ce qui s’est passé autour de la sensation : les réactions, leurs conséquences, etc.

 

A ce stade, encore transitoire, il est assez facile de revenir en arrière, de stopper l’inflation qui s’annonce en reprenant contact avec l’information biologique et corporelle du « dossier choc », de limiter l’ardeur du pilote à simplement accuser réception de l’information du copilote.

 

Si tel n’est pas le cas, le processus se poursuit et s'étend.

 

Au nom de « Ceci n'aurait jamais dû m’arriver » et/ou « Ceci ne doit plus jamais se reproduire », le pilote organise des stratégies d’anticipation.

Il est capable de « fonctionner en boucle », tout seul. Il n’est plus nécessaire qu’il rencontre un stimulus extérieur pour qu’il revalide lui-même ses stratégies. L’idée seule du stimulus lui suffit. S’il était un moteur automobile, on dirait qu’il fait de « l’auto-allumage »  (quand le moteur de la voiture continue de fonctionner alors que le conducteur a enlevé la clé de contact).

C’est le temps du stress.

De l’angoisse.

Plus nous cherchons à éviter de rencontrer tel stimulus, plus nous craignons de le rencontrer.

C’est le temps de la fatigue chronique, du mauvais sommeil, des douleurs.

 

" Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu’il craint"

Montaigne

Avec la durée, le stress, l’angoisse, deviennent maladies.

Comme l'information choc-blessure n'a pas été traitée en conscience, le corps l'inscrit dans des organes cibles. Le corps devient malade pour effectuer le traitement du choc qui demeure toujours en attente.

Et le processus peut se poursuivre. Malade, la personne peut continuer à valider ses stratégies défensives : il aurait fallu que je me méfie encore davantage pour ne pas en arriver là !

 

 

L’émotion est au cœur du processus de la maladie.

Non pas en raison de son caractère prétendument négatif ou positif, mais en raison de notre manque d’attention aux effets sensoriels de certaines situations auxquelles nous sommes confrontés.

 

La santé est en rapport avec l’attention que nous portons à la vulnérabilité qui nous traverse lors de certaines circonstances. Et c’est dans cette attention portée à ce qui nous arrive corporellement que se situe notre possibilité de libre-arbitre.

Quand nous osons nous ajuster aux circonstances que nous traversons, nous conservons notre équilibre. Nous disposons de cette possibilité, pas toujours exploitée.

Certes au prix d’une expérience parfois éprouvante.

Mais quand nous n’osons pas, le corps, qui conserve un besoin impératif de réparation, décalera la réponse dans le temps, quitte à le faire payer au prix fort.

 

Pour se rendre malade, rien de tel qu’un esprit qui demande au corps d’être autre que ce qu’il est dans sa réalité.

Autant demander au copilote de ne pas exister !

Autant attendre de lui de sentir autre chose que ce qu’il sent !

Autant attendre de lui de ne rien éprouver !

De percevoir autre chose que ce qui est perçu !

De faire autre chose que ce que nous faisons sous le coup de l’émotion !

D’exiger de soi d’avoir toujours la forme et jamais de faille !

De ne s’aimer que sous la condition d’une réussite permanente !

Etc.

 

Ne désirer exclusivement que ce qui nous remplit de satisfaction est la voie la plus sûre pour augmenter le niveau d’attente, de frustration et de déception. C’est la voie qui va user notre véhicule corps-esprit dans une tension permanente.

 

La santé témoigne du lien entre le corps et l’esprit.

Nous pouvons participer à notre santé en portant notre attention à notre besoin d’existence plutôt qu’à ce qui nous en prive.

A longueur de journée et de nuit nous ne cessons de nous auto-guérir sans le vouloir et sans le savoir. Nous en faisons tous l’expérience et cela nous semble normal puisque notre existence est corrélée à ce processus.

 

Dommage de ne pas nous sentir plus émerveillés par cette faculté.

 

Nous voilà plutôt agacés quand une maladresse provoque une coupure, gênés par nos pleurs qui nous ramènent dans notre corps, culpabilisés de nos cris qui nous font nous entendre et nous redresser, honteux de nos évitements qui nous ont sauvé la peau.

 

Ce qui est à « guérir » dans bien des affections psycho-thérapeutiques, c’est la peur d’être humain.

Une peur de mourir, bien sûr, qui justifie bien des façons pénibles d’exister.

Une peur qui augmente d’ailleurs avec les ressources dont nous disposons pour prolonger la vie et dont nous ne pouvons que nous féliciter.

Une peur d’être limité dans notre vie. Engendrée souvent par le regard que nous fixons sur les obstacles et sur le manque plutôt que sur nos propres possibilités d’existence.

 

Plutôt que de nous préoccuper de ce qui est existant en nous, nous voilà de plus en plus aspirés par le souci de perdre une existence confortable, assurée et sans peine.

Notre attention se déplace sur l’idée de ce que devrait être notre existence, faite d’une pleine santé sans faille. Nous voilà alors préoccupés par ce que nous avons à faire pour garantir, et à n’importe quel prix, cette bonne santé. Nous appréhendons tout ce qui risquerait de nous en priver.

Nous vivons dans la peur d’être malade, dans la colère vis-à-vis de toute imperfection.

La peur d’être faible et en mauvaise santé nous détourne de notre capacité à tenir notre existence telle qu’elle est.

Avec ses forces et ses faiblesses.

Avec ses pleins et ses creux.

Ses manques.

 

(Avec la participation de Catherine Aimelet-Périssol)

 


7 questions sur le chemin de la guérison

" Reconnais ta souffrance et pardonne-lui d'exister.

Mais ne te mets pas en accord avec elle.

Sois en accord avec toi-même." 

 

1. Qu'est-ce que mon corps cherche à me dire ?

2. La maladie est-elle venue comme une solution ?

3. Qu'est-ce que je refuse ? Avec quoi suis-je en désaccord ?

4. Ce passé, pourquoi est-ce que j'en souffre encore ?

5. Suis-je coupable ? Suis-je victime ? De quel jugement est-ce que je souffre ?

6. De quoi ai-je peur ?

7. Qu'est-ce que je veux ?

 

 

Vingt pages ... Tout y était passé, l'enfance, l'adolescence, la préférence de son père pour la petite sœur, tout ... René repose la lettre de sa fille sur la table, quand la douleur le prit au ventre. Pourquoi tant d'ingratitude ? Un an et demi passa sans autres nouvelles, et l'on découvrit chez René un début de cancer de la prostate. Coïncidence ?

Le cancer est une altération de l'ADN, lequel, tel un plan d'architecte, sert de "référence" à la cellule : quelque part il donne un "sens" à cette construction qui, autrement, serait anarchique.

Blessé dans sa principale raison de vivre, René vit cette "perte de sens" jusque dans l'intimité de ses cellules. La prostate n'est-elle pas en effet celle qui, fluidifiant la semence, permet de véhiculer et de "transmettre" la marque paternelle ? Touché dans son image de père, René se battait contre une image de lui que la lettre de sa fille lui présentait comme en miroir. Et de cette lutte intérieure contre lui-même, son bas ventre s'était fait le témoin.

La maladie n'est pas seulement une "projection" dans le corps de ce que nous ressentons, elle reflète la douloureuse contradiction dans laquelle nous nous trouvons piégés.

Mais piégés par qui ? Commence alors un long travail de la conscience sur elle-même, car ne nous y trompons pas, c'est bien d'un travail dont il s'agit : comment pourrions-nous faire la paix avec notre douleur lorsque l'idée que nous avons de nous s'est nouée avec elle ?

Sept questions pour nous aider à cheminer ...

 

Philippe Dransart est médecin homéopathe et phytothérapeute. Il nous livre ici le fruit de plus de 30 années d'expérience et de réflexions sur le pourquoi de la souffrance, comment mieux la comprendre afin de s'en libérer.

 

Quatrième de couverture " 7 questions sur le chemin de la guérison "

Docteur Philippe Dransart

Le Mercure Dauphinois 


PSYCHOLOGIES MAGAZINE - SEPTEMBRE 2015

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