Regard sur le stress

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Dans sa compréhension psychologique, le stress est une réponse à une situation angoissante, dangereuse ou épuisante. C’est donc l’environnement qui est évalué comme pathologique. Ainsi un examen, une rupture sentimentale, une compétition, le bruit, la pollution, les enjeux professionnels sont dits stressants.

 

Mais le stress est d’abord le témoin de la tension entre les deux pilotes, entre notre cerveau sensoriel branché sur le monde extérieur et notre cerveau réflexif branché sur l’image et le sens. Tension entre nos habitudes comportementales d’autoprotection contre la réalité des faits. Tension entre le cerveau rapide et le lent.

Cette tension nous use.

 

Le pilote veut une vie droite, confortable, sans obstacle, sans rival. Une vie de héros toujours à la hauteur des événements et en toute situation. Un gage de vie idéale.

Le copilote est imprégné d’informations vitales, veilleur infatigable de tout danger potentiel parvenant à nos sens. Un gage de survie.

Le stress est la traduction de leur conflit au long court, de la recherche de la domination du pilote sur le copilote qui s’échauffe et impose sa loi d’urgence.


Existe-t-il des événements stressants ?

 

Les événements prennent la forme d'informations qui parviennent à nos sens.

Nous les filtrons (selon nos besoins d’existence et nos habitudes mentales).

Nous y répondons spontanément. 

 

 

Après coup, nous les qualifions de stressant dès lors que nous avons éprouvé un malaise.

Au nom de ce qui devrait être plutôt que ce que perçoivent nos sens, au nom de cette exigence énoncée comme un besoin vital, nous voilà à attendre impérieusement, de soi comme des autres, la réalisation de cette idée.

Quitte à se heurter sur la réalité des faits.

Nous voilà confrontés à notre impuissance, ce qui produit encore plus de stress. 

 

Le stress est un aveu d’impuissance à obtenir de notre environnement de quoi nous satisfaire. C'est une tentative désespérée de l’esprit à maîtriser cet être de chair que nous sommes.

Une tentative de "neutralisation" de l’être corporel et mortel, vulnérable et doté de sensations pénibles que nous sommes. Il traduit une histoire sans fin que nous nous racontons, fondée sur notre impuissance à être autre que ce que nous sommes. Notre impuissance à être plus puissants, plus riches, plus forts, plus grands, plus à l'aise …

 

Le stress raconte une histoire dont nous serions les héros : capables de se surpasser, parfaits, sans faille, héros de nos parents, capables de les satisfaire toujours et en tout, sans faute, à l’image de personnages de fiction.

Pour échapper, aussi, à notre humaine condition ?

A la poursuite de cet idéal, toute personne, tout événement qui se met en travers de notre mouvement devient obstacle. Toute personne qui est « plus » que nous devient rival.

 

En prenant en compte la dimension biologique de ce qui se passe en nous, c’est tout autre chose que nous pouvons entendre dans les événements qui nous éprouvent.

 

Nous pouvons entendre qu’il s’agit d’une peine, d’une blessure intime, dont nous pouvons guérir dès lors que nous nous reconnaissons blessés.

 

Ressasser des pensées à propos de ce qui nous « tombe dessus », des comportements d’untel, des conditions extérieures qui nous stressent ne correspond pas à une juste appréhension de la réalité.

Une réalité regrettable qu’il serait indispensable de modifier pour aller mieux.

 

La réalité, c’est notre vulnérabilité, notre fragilité, notre impuissance.

La réalité c’est notre blessure.

 

 

Le passage par cette case est éprouvant et a mauvaise presse.

 

 

Pourtant, intégrer que nous pouvons être blessés, c’est intégrer que nous pouvons guérir.

 

Le stress impose sa tyrannie quand nous refusons la réalité, quand nous dénions notre souffrance ou quand nous ressassons des : "Ça n'aurait pas du se passer ainsi ...".