Anatomie d'une émotion (3)

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Dîner au bord de la plage sur une petite île au milieu de l’océan.

Un hôtel quasi vide en basse saison qui convient parfaitement à mon désir de calme et de silence.

Ce soir, au restaurant de l’hôtel, un groupe fête un événement.

Le bruit des vagues est couvert par le brouhaha et la musique.

 

En fin de repas le volume de la musique augmente. 

Avec mon bungalow qui se situe un peu au-dessus, je pense que la musique va y être très gênante.

Je fais part de mes craintes au directeur qui me rassure : à l’endroit où je me trouve, il n’y aura pas de gêne …

Arrivé à mon bungalow, le vacarme est assourdissant.

Je redescends au restaurant, furieux, et j’agresse le directeur : après l’avoir vigoureusement empoigné pour l’emmener à l’écart de la fête, je le menace de m’en prendre à lui et au matériel de sonorisation si le volume n’est pas immédiatement baissé.

Observer les options d'adaptation

Je n’ai pas identifié ma réaction automatique au moment où je l’ai vécue.

C’est un peu plus tard, en me refaisant le film de la scène que j’ai compris.

Fuir. Partir. Bouger.

J’ai cru un moment que j’étais redescendu immédiatement. Il m’a fallu refaire le film de façon très ralentie pour m’apercevoir de ma réaction automatique : je suis entré dans mon bungalow et j’ai fait une ou deux fois le tour de la chambre. Ensuite, je suis ressorti et je suis redescendu au restaurant.

En réalité, ma réaction automatique a été la fuite.

Alors que j’ai pensé au départ avoir été emporté par la colère, ma première réaction a été de bouger, marcher, tourner en rond dans ma chambre … Et constater rapidement que le stimulus déclencheur ne pouvait pas être fui !

La colère est donc venue du fait que la fuite était absolument inefficace. Qu’elle ne me permettait pas d’éviter le stimulus.


Sans le « O » de la méthode S.O.S., j’aurais dit que ma réaction était la lutte, la confrontation. Avec l’identification de ma réaction immédiate automatique, j’ai découvert l’intelligence primaire de cette adaptation. Et son écologie. Cela a donné sens à des comportements ordinaires auxquels je n’avais pas assez prêté attention jusqu’alors : l’évitement, l’esquive, la recherche de portes de sorties, etc.

Ainsi, mon corps savait mieux que moi comment retrouver immédiatement son équilibre.