Anatomie d'une émotion (2)

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Dîner au bord de la plage sur une petite île au milieu de l’océan.

Un hôtel quasi vide en basse saison qui convient parfaitement à mon désir de calme et de silence.

Ce soir, au restaurant de l’hôtel, un groupe fête un événement.

Le bruit des vagues est couvert par le brouhaha et la musique.

 

En fin de repas le volume de la musique augmente. 

Avec mon bungalow qui se situe un peu au-dessus, je pense que la musique va y être très gênante.

Je fais part de mes craintes au directeur qui me rassure : à l’endroit où je me trouve, il n’y aura pas de gêne …

Arrivé à mon bungalow, le vacarme est assourdissant.

Je redescends au restaurant, furieux, et j’agresse le directeur : après l’avoir vigoureusement empoigné pour l’emmener à l’écart de la fête, je le menace de m’en prendre à lui et au matériel de sonorisation si le volume n’est pas immédiatement baissé.

Observer l'origine de l'émotion

Je n’ai pas identifié le facteur déclenchant au moment même où je l’ai vécu.

C’est un peu plus tard, en me refaisant le film de la scène que j’ai compris.

Le son.

Je l’ai reçu comme un choc.

Contrairement à ce que m’avais dit le directeur de l’hôtel, je me trouvais à la même hauteur que les enceintes de la sonorisation.

Ce sont les ondes de choc provoquées par le son qui étaient le déclencheur d’une montée instantanée de l’émotion. Certes, il y avait le niveau sonore très élevé qui engendrait une gêne insupportable. Mais, arrivé devant la porte de mon bungalow, j’ai reçu le son comme une masse qui me percutait.


Dans cet épisode, le « O » de la méthode S.O.S. a été uniquement rétrospectif.

Je n’ai pu identifier le facteur déclencheur qu’après une analyse minutieuse de la situation, le lendemain les jours qui ont suivi. Mais cette identification m’a permis d’aller un peu plus loin dans la connaissance de ma propre logique émotionnelle.


Sans le « O » de la méthode S.O.S. j’aurais dit que le déclencheur était le volume sonore (ce qui n’aurait pas été faux pour autant). Avec l’identification de l’origine de l’émotion, j’ai découvert qu’une masse/son me faisant face et me repoussant faisait pour moi grand danger. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps, dès lors, pour comprendre les associations faites par mon cerveau reptilien. Toutes ces situations depuis l’enfance où je m’étais senti poussé/écrasé/coincé/menacé par une masse qui me dominait …